Parce que nous vivons dans un système qui, depuis des millénaires, a donné aux hommes la place du leader et aux femmes celle du soutien. Même sans s’en rendre compte, beaucoup d’hommes occupent naturellement la posture de décision et d’autorité. Quand une femme se retrouve face à un chef, un client important ou un CEO, elle peut ressentir une forme d’infériorité. Ce n’est pas de l’imposture ni un manque de compétences, c’est l’effet d’un environnement systémique qui influence nos comportements professionnels.

Le manque de confiance en soi vient de croyances personnelles ou d’expériences passées. Mais parfois, ce que je ressens n’a rien à voir avec mes qualités : c’est simplement parce que je suis dans un monde d’hommes, et que mon environnement active une mémoire collective de mise en retrait. Reconnaître cette influence externe aide à reprendre du recul et à ne pas s’accuser inutilement.

L’environnement professionnel agit comme une scène invisible : il conditionne nos attitudes, nos paroles, même nos ambitions. Dans un contexte où les hommes sont majoritaires et où le leadership masculin est la norme, une femme peut inconsciemment minimiser sa voix. Prendre conscience que ce n’est pas « moi contre moi » mais « moi dans un système » permet de retrouver une position plus juste, plus ancrée, et donc plus libre.

Oui, et c’est même essentiel. Être une femme dans un monde mixte, c’est apprendre à conjuguer son ambition professionnelle avec sa singularité féminine. Cela veut dire oser exprimer ses désirs, ses idées, ses projets, même quand on se sent minoritaire. Je crois profondément que l’épanouissement ne vient pas de l’imitation des hommes, mais de l’acceptation de notre propre identité dans ce cadre.

Cette sensation est normale, elle ne signifie pas que vous n’êtes pas légitime. Souvent, elle vient du fait que l’homme en face incarne le modèle dominant depuis des générations. Pour la dépasser, je prends conscience que ce n’est pas « moi qui suis moins », mais « moi dans un contexte marqué par l’histoire ». Cette simple prise de conscience redonne une énergie différente et permet de se positionner avec plus d’assurance.

Pas toujours. Le syndrome de l’imposteur est personnel et intérieur : c’est la peur d’être démasquée, de ne pas être à la hauteur. Ici, ce que je décris est plus large : c’est systémique. C’est la société qui, depuis toujours, a construit les codes de pouvoir au masculin. 

En s’autorisant à être elle-même et en ne niant pas le poids du système. J’observe que les femmes qui s’épanouissent le mieux sont celles qui reconnaissent les codes masculins du pouvoir, mais qui choisissent consciemment de ne pas les subir. Elles trouvent des espaces d’autonomie, elles s’appuient sur leur réseau, et elles se rappellent qu’elles ne sont pas seules dans ce cheminement.

Pas du tout. J’aime travailler avec des hommes, et je sais que la richesse vient de la mixité. Mais je garde en tête que la société a des règles implicites, souvent masculines, qui influencent les relations professionnelles. Reconnaître cette réalité ne veut pas dire rejeter les hommes, cela veut dire entrer dans la relation avec plus de lucidité et de conscience.

Quand je comprends que mes doutes ou ma timidité ne sont pas « un défaut », mais l’effet d’un système ancien, je peux cesser de lutter contre moi-même. Cette lucidité devient une force : elle me permet de poser ma voix, d’assumer mes ambitions, de construire mon chemin sans me comparer. C’est en reconnaissant le cadre qu’on peut vraiment en sortir et créer un leadership féminin autonome.